Il y a deux ans, Frank Wilczek (prix Nobel en 2004 pour des travaux sur la chromodynamique quantique) – en collaboration avec Alfred Shapere pour l’un des papiers – s’est intéressé à la possibilité de construire un cristal de temps [1, 2] : un tel système présente l’émergence spontanée d’une horloge là où il y avait auparavant invariance par translation dans le temps. Les deux articles sur le sujet proposent respectivement un modèle classique et un modèle quantique. Plus tard la même année, un groupe de chercheurs ont proposé une réalisation expérimentale concrète de ce système [3]. Continuer la lecture
Archives par étiquette : symétrie
Théorème de Goldstone et brisure de symétrie
Un des concepts fondamentaux en théorie des champs est celui de symétries, et souvent les théories peuvent être entièrement décrites à partir de la liste des symétries (plus des champs quantiques existants). Les fluctuations quantiques sont définies autour d’un « vide », qui est l’état de plus basse énergie de la théorie. Toutefois ce vide peut ne pas préserver toutes les symétries de la théorie originelle : le théorème de Goldstone conduit à l’existence de particules sans masse, qui correspondent aux symétries brisées. Continuer la lecture
Symétries et dualités en supergravité
Dans un article précédent je décrivais quelques propriétés des théories de supergravité et de leur compactification avec la méthode de Kaluza–Klein. En général ces théories présentent un groupe de symétrie globale extrêmement grand, qui comporte certaines « dualités » (c’est-à-dire des symétries qui ne sont visibles qu’au niveau des équations du mouvement et non de l’action). Par la suite nous souhaitons rendre local un sous-groupe de ce groupe global pour obtenir des supergravités jaugées (gauged supergravity), qui interviennent dans les compactifications avec flux – mais je réserve ce dernier cas pour un article ultérieur. Ce sujet des symétries et dualités en supergravité est un sujet très complexe, que je ne comprenais pas vraiment jusqu’à récemment (a fortiori pour les théories \(N=4, 8\) à 4d, puisque j’ai surtout étudié \(N=1, 2\)) : c’est en lisant des notes de cours de H. Samtleben [1] que j’ai commencé à comprendre. Cet article sera un peu plus compliqué que le précédent puisqu’il est difficile d’expliquer ces notions sans mathématiques. Continuer la lecture
Supergravité, réduction de Kaluza–Klein : quelques notions
Les théories de supergravité apparaissent comme des approximations aux théories des cordes (et de la théorie M), en particulier quand nous nous intéressons aux compactifications de certaines dimensions (par exemple 11d vers 4d). Dans le cas où ces dimensions supplémentaires prennent la forme de cercles « simples » on obtient des supergravités sans groupe de jauge (ungauged supergravity) : on entend par là que les seules transformations de jauge [1] sont abéliennes et proviennent de la réduction de Kaluza–Klein : dans ce cas seuls les champs vectoriels se transforment, tandis que les champs scalaires sont neutres. Continuer la lecture
Hibou’k : publication du numéro 3
Finalement, après plusieurs mois de délai, le numéro 3 de l’Hibou’k vient de paraitre ! Il m’aura fallu du temps pour rassembler suffisamment d’articles, et il y en a moins que dans les deux précédents numéros, mais l’essentiel est d’en avoir assez.
Voici la table des matières :
- le concept d’entropie du point de vue de la thermodynamique et de la physique statistique ;
- les symétries de jauge en physique théorique et leur usage dans le modèle standard des particules ;
- un commentaire des projets de loi pour l’épargne des ménages ;
- une autre note juridique sur le projet de loi de finances 2013 ;
- l’histoire de l’Union Centro-Américaine de son commencement jusqu’à sa chute ;
- le légisme de Shang Yang – un système politique autoritaire chinois ;
- quelques bases de phonétique à travers les voyelles et leurs prononciations dans les différentes langues ;
- la troisième lettre à Angelys (roman épistolaire).
Boson de Higgs : rien à voir avec la gravité
Il y a quelques semaines on me faisait remarquer que certains médias faisaient une analogie entre le photon, associé à l’interaction électromagnétique, et le boson de Higgs, qui serait associé à l’interaction gravitationnelle. En fait cette « analogie » repose sur une grave confusion entre plusieurs concepts : celui de masse conférée aux particules du fait de l’existence du Higgs, et l’équivalence entre masse et énergie en relativité restreinte, qui conduit à l’interaction gravitationnelle en relativité générale. Voici la réponse que j’ai apportée. Continuer la lecture