Ainsi que je l’indique ailleurs sur mon site j’ai adhéré à plusieurs associations humanitaires. Je ne regrette pas mes choix et je suis persuadé qu’il s’agit d’une bonne solution pour contribuer un minimum (et, disons-le, facilement) à l’amélioration de notre environnement (aussi bien naturel que social). Toutefois ces associations et leurs membres m’énervent fréquemment, et je ressens un certain malaise à l’idée de soutenir des groupes qui se comportent ainsi. Je ne citerai que deux exemples récents.
Demande de dons
Il est fréquent pour ces différentes associations de venir demander des dons supplémentaires, et cela me paraît normal pour financer des interventions exceptionnelles. Mais cela l’est beaucoup moins quand nous recevons des demandes à répétitions : je donne déjà ce que je peux, et je n’ai pas envie que l’on me rappelle tout le temps que ce serait bien de donner plus – a fortiori quand la demande se fait sur un ton culpabilisant.
Je pense particulièrement au dépliant que j’ai reçu récemment, qui indiquait : « Repensez votre don, financez vos idéaux ! », ainsi que « OUI, je veux que Greenpeace continue à agir efficacement pour la planète ! ». Déjà, je pense qu’envoyer moins de papiers serait une aussi bonne manière d’aider la planète. (J’ai cité Greenpeace car j’ai leur prospectus sous les yeux, mais les autres associations agissent de même ; cf la fin du paragraphe suivant.)
Tant que j’y suis je critiquerai aussi la manie des sites internet à afficher une pop-up dès l’arrivée sur le site, et de la représenter à chaque fois (cf Greenpeace par exemple, et la PMAF en ce moment).
Les associations humanitaires sont souvent très agressives dans leur démarche, et je ne peux que le regretter car je pense que cela les dessert : il suffit de voir comment les gens fuient dans les rues quand ils repèrent des associations. Certes il faut réussir à se faire voir et à donner envie aux gens de contribuer, mais je ne suis pas sûr que l’agressivité et la culpabilisation soient des méthodes saines – a fortiori quand on s’adresse à des déjà-membres.
Action contre la faim : incohérences
J’ai discuté en détails avec deux membres d’Action contre la faim (ACF) : un lors de mon inscription, l’autre récemment à la sortie de l’université. Dans les deux cas je suis sorti relativement mitigé de notre discussion.
Le second, après m’avoir remercié pour être déjà adhérent, m’a demandé ce que je faisais en général, et nous avons bifurqué vers les autres associations que je soutiens. Je lui ai présenté la PMAF (Protection mondiale des animaux de ferme) et je lui ai expliqué pourquoi j’étais devenu partiellement végétarien. Pour faire le lien avec ACF, j’ai ajouté que je trouvais qu’il était important de travailler à la fois sur le problème de la faim, mais aussi sur la qualité de la nourriture (et les conditions éthiques et environnementales de sa production).
Sa réponse m’a fortement choqué : il m’a expliqué qu’il était un vrai « viandard » et qu’il n’imaginait pas possible pour lui de diminuer un tant soi peu sa convention de viande. De plus il m’a expliqué que mon « sacrifice » était vain car il s’agissait d’une goutte minuscule et que mes efforts ne changeraient rien au problème de la production de la viande, la prise de conscience générale n’étant pas là. Ainsi, selon lui, je devrais simplement abandonner cette idée, qu’il reconnaît très belle mais totalement inutile.
Une telle réaction est la preuve d’un manque de réflexion sur le problème : pour ce membre, il suffit d’amener de la nourriture puis d’aider à en produire plus (avec des graines aux OGMs et aux pesticides Monsanto ? le discours tenu me rappelle trop celui du cours Comment changer le monde ? dont je dois toujours commenter le contenu plus en détails), sans se soucier des problèmes attenants. De plus, son argument peut tout aussi bien s’appliquer à sa propre association : puisque si peu de personnes ont pris conscience du problème, à quoi bon cotiser à ACF ? (On pourrait comparer le nombre d’adhérents d’ACF au nombre de végétariens, pour voir qui fait preuve de plus de poids…) Je trouve cela d’autant plus ironique que j’ai reçu un appel quelques jours auparavant pour m’encourager à augmenter ma cotisation, car « même un léger plus serait utile ».
Je te conseille d’aller lire le rapport du Haut Conseil à la Vie Associative (HCVA) au sujet des financements privés des associations, disponible à l’adresse
http://www.associations.gouv.fr/IMG/pdf/hcva-rapport_definitif_financement.pdf
Tu y liras notamment que ses membres souhaitent un changement massif des mentalités sur le don … En revanche, prendre en compte la situation financière des ménages et des publics qu’ils sollicitent, ça leur échappe !
Cela me rappelle une autre anecdote : à Lille, Handicap International avait accosté un ami et moi-même. Ledit ami leur a répondu qu’en tant qu’étudiant, il n’avait pas d’argent à donner … Mais qu’il était parfaitement prêt à donner du temps pour une noble cause. Réaction ingrate et d’incompréhension du membre …
Il est regrettable que les adhérents passionnés (cela vise également les dirigeants) recourent à de telles méthodes de forcing bien peu glorieuses pour l’image associative. Cela peut se comprendre pour de petites associations agressives … Mais pas pour des géants qui ont des équipes management et marketing dignes des entreprises.
Ce n’est pas en culpabilisant ou en harcelant les français que leur mentalité évolueront, bien au contraire. Jouer la transparence dans l’affectation, les montants et les réalisations demeure la meilleure solution pour inciter les donateurs … et les opportunistes fiscaux !
Petite faute de français …
Ce n’est pas en culpabilisant ou en harcelant les français que leur mentalité évoluera, bien au contraire. Jouer la transparence dans l’affectation, les montants et les réalisations demeure la meilleure solution pour inciter les donateurs … et les opportunistes fiscaux !