Archives mensuelles : novembre 2013

La Zone du Dehors – « Souriez vous êtes gérés »

La Zone du Dehors est un roman d’anticipation d’Alain Damasio. J’ai connu cet auteur il y a quelques années lorsqu’on m’a offert son autre livre, la Horde du Contrevent (fantasy) ; il est rare de trouver un livre avec une telle force, une telle majesté que l’on ne peut plus se décrocher de la lecture, pendant laquelle on sent son âme se retourner. Damasio possède un style très particulier, plein de vie et incroyablement varié : dans ses œuvres plusieurs personnages font le narrateur tour à tour, et chacun possède son propre style (surtout dans la Horde). Le récit ne s’essouffle jamais et se trouve parsemé de réflexions philosophiques. La Zone du Dehors s’inscrit dans la lignée de 1984 et du Meilleur des mondes, présentant au lecteur une société si démocratique que toute nuance et toute vie s’est effacée. Continuer la lecture

Symétries et dualités en supergravité

Dans un article précédent je décrivais quelques propriétés des théories de supergravité et de leur compactification avec la méthode de Kaluza–Klein. En général ces théories présentent un groupe de symétrie globale extrêmement grand, qui comporte certaines « dualités » (c’est-à-dire des symétries qui ne sont visibles qu’au niveau des équations du mouvement et non de l’action). Par la suite nous souhaitons rendre local un sous-groupe de ce groupe global pour obtenir des supergravités jaugées (gauged supergravity), qui interviennent dans les compactifications avec flux – mais je réserve ce dernier cas pour un article ultérieur. Ce sujet des symétries et dualités en supergravité est un sujet très complexe, que je ne comprenais pas vraiment jusqu’à récemment (a fortiori pour les théories \(N=4, 8\) à 4d, puisque j’ai surtout étudié \(N=1, 2\)) : c’est en lisant des notes de cours de H. Samtleben [1] que j’ai commencé à comprendre. Cet article sera un peu plus compliqué que le précédent puisqu’il est difficile d’expliquer ces notions sans mathématiques. Continuer la lecture

De la différence entre le polythéisme et le monothéisme

Dans la semaine 10 de son cours sur l’histoire de l’humanité, Y. Harari s’intéresse à l’histoire de la religion et plus particulièrement à la différence entre le polythéisme et le monothéisme. Après deux mille ans de domination judéo-islamo-chrétienne, nous avons été habitués à considérer les religions polythéistes anciennes (par exemple grecque, romaine, nordique, hindouiste…) comme des croyances naïves dignes de l’enfance de l’humanité. Cette vision montre un monde peuplé de Dieux et d’autres entités d’essence divine ou magique (comme les nymphes, les fées, les démons, etc.), chacune ayant certaines attributions et plus ou moins de pouvoirs. Continuer la lecture

Essais psychanalytiques de Freud

Voilà que je viens de finir tous les essais psychanalytiques de Freud dont je disposais chez moi [1–9], après un an et demi de lectures ponctuelles. Dans cet article je ne m’attarderai pas à décrire la pensée de Freud, largement documentée dans la littérature et sur internet (ainsi que dans les croyances populaires…) : je me contenterai de quelques remarques et réflexions sur ces divers écrits. Continuer la lecture

Théorie de la connaissance et problème de Gettier

La deuxième semaine du cours d’introduction à la philosophie sur Coursera était consacrée à la théorie de la connaissance. L’objectif de cette dernière est de déterminer quand est-ce qu’un individu connaît qu’un énoncé (ou proposition) P est vrai, c’est-à-dire qu’il peut dire « je connais P » ou « je sais que P est vrai ». Le paradigme usuel définit une connaissance comme étant une « croyance vraie justifiée », i.e. quelque chose qui est vrai, auquel je crois et pour lequel je suis capable d’expliquer pourquoi j’y crois. Cette définition apparaît déjà dans le Théétète de Platon et elle aura tenu jusqu’au siècle dernier : en 1963 Edmung Gettier publia un papier fournissant toute une classe de contres-exemples, et aucune réponse satisfaisante n’a été apportée depuis [1]. Continuer la lecture