Évolution de l’homme : bipédie et cerveau

Dans la première semaine de son cours sur l’histoire de l’humanité, Y. Harari s’intéresse aux étapes qui de l’évolution qui ont conduit du singe à l’homme. En particulier il a insisté sur un principe dont je n’avais jamais apprécié la valeur jusqu’à présent : une évolution n’est pas synonyme d’amélioration. En effet une fonction qui se spécialise va procurer un avantage d’un côté, mais cela se fait forcément au détriment d’autre chose. Deux exemples dans le cours illustraient cette idée : la bipédie et le cerveau.

Marche debout

Comme chacun le sait la bipédie est l’une des caractéristiques essentielles de l’homme ; elle est apparue chez les premiers hominines (les australopithèques) il y a plusieurs millions d’années. Avec la marche les deux mains ont été libérées et ont ainsi pu servir au maniement d’outils. Toutefois ce nouveau mode de locomotion a engendré de très fortes contraintes sur le squelette humain, et particulièrement la colonne vertébrale (Y. Harari mentionne que cela est une des causes du fléau qu’est le mal de dos).

Cela a conduit à un rétrécissement de l’écart des hanches chez les femmes, tandis qu’au même moment les bébés voyaient la taille de leur crâne augmenter (avec l’évolution du cerveau). Pour résoudre ce conflit les femmes se sont mises à accoucher de plus en plus tôt, et c’est pour cette raison que les humains naissent très peu développés et qu’il leur faut plus d’une dizaine d’années pour être indépendants (en comparaison avec la majorité des autres mammifères). Cette sélection s’est faite naturellement puisque les femmes qui accouchaient trop tard mourraient en couche, et leur enfant avec la plupart du temps.

Évolution du cerveau

L’évolution du cerveau est extrêmement énigmatique car elle n’a procuré aux hommes aucun avantage (majeur) pendant des millions d’années. Certes en libérant leurs mains les hommes se sont mis à utiliser des outils et à inventer des techniques pour les fabriquer, mais ces techniques n’ont guère évoluées sur de très longues périodes (par exemple Homo erectus utilisait les mêmes outils que ce soit il y a un million ou trois cent milles années).

Développer un cerveau est extrêmement pénalisant car cet organe consomme énormément de ressources (oxygène, sang, nutriments…), et la ré-attribution de celles-ci s’est faite au détriment d’autres organes (comme les muscles) : Y. Harari explique qu’à poids égal un chimpanzé est cinq fois plus fort qu’un homme.

Même notre espèce ne disposait d’aucun avantage avec son « meilleur » cerveau par rapport aux autres espèces, comme l’homme de Néandertal – du moins jusqu’en -70 000 (date de la révolution cognitive). Par exemple vers -100 000 ils essayèrent de passer au Moyen-Orient et en Europe, mais les Néandertaliens parvinrent à les repousser en ce temps-là notre espèce ne se montrait supérieure sur aucun des plans (social, artisanal, etc.).

Les facultés intellectuelles de l’homme explosèrent donc en -70 000, date vers laquelle il commença à « envahir » la surface du globe, inventant sans cesse de nouveaux outils et de nouveaux modes d’organisation ; et ce sur une période extrêmement courte. Mais rien ne laisse penser qu’un mutation génétique ou tout autre changement physiologique ait eu lieu à cette période.

Le cerveau de l’homme pose donc un double mystère : pourquoi s’est-il développé au détriment d’autres fonctions plus « utiles » sur le moment, et qu’est-ce qui a conduit à l’émergence des facultés intellectuelles de notre espèce.